Mésoamérique

La Mésoamérique est définie, en histoire précolombienne, comme une super-aire culturelle, c'est-à-dire un ensemble d'aires culturelles qui partageaient de nombreux traits communs avant la colonisation de ces territoires par les Espagnols.


Catégories :

Mésoamérique - Peuple amérindien d'Amérique centrale - Histoire du Mexique - Habitat tropical

Recherche sur Google Images :


Source image : arizona-dream.com
Cette image est un résultat de recherche de Google Image. Elle est peut-être réduite par rapport à l'originale et/ou protégée par des droits d'auteur.

Page(s) en rapport avec ce sujet :

  • La Mésoamérique est à différencier de l'Amérique centrale qui, ... Il est important de noter que chaque phase de l'évolution maya correspond à une aire.... reçue après le tremblement de terre, il s'en appropria la majorité.... (source : pythacli.chez-alice)
Situation géographique de la Mésoamérique à l'échelle du continent américain.

La Mésoamérique (aussi fréquemment orthographiée Méso-Amérique et plus rarement remplacée par l'expression Amérique moyenne) est définie, en histoire précolombienne, comme une super-aire culturelle, c'est-à-dire un ensemble d'aires culturelles qui partageaient de nombreux traits communs avant la colonisation de ces territoires par les Espagnols.

D'un point de vue géographique, la Mésoamérique couvre du nord du Mexique au Costa Rica, en incluant le Belize, le Guatemala, l'ouest du Honduras, le Salvador et le versant pacifique du Nicaragua. La Mésoamérique est à différencier de l'Amérique centrale qui, dans son acception géographique, va du Guatemala au Panama.

Le terme Mésoamérique a été défini par l'anthropologue allemand Paul Kirchhoff dans les années 1940[1], sur la base d'une liste de traits culturels communs aux civilisations de cette zone géographique.

Cette aire se définit par une uniformité exclusivement culturelle qui se manifeste sur plusieurs plans. La frontière nord de la Mésoamérique sépare les sociétés de chasseurs-cueilleurs (au nord) des sociétés agricoles (au sud)  ; elle s'est déplacée au cours du temps. Au sud, la frontière est culturelle et linguistique.

La préhistoire et l'histoire de cette aire culturelle sont habituellement divisées en trois grandes époques : préclassique, classique et postclassique[2].

Caractéristiques de la civilisation mésoaméricaine

Unité

Toutes les civilisations précolombiennes de cette zone présentent des caractéristiques culturelles communes, qui les distinguent d'autres civilisations précolombiennes, comme les civilisations andines. On retrouve surtout toujours :

Diversité

La Mésoamérique présente cependant aussi une grande diversité.

D'un point de vue linguistique, on distingue quatre catégories :

Géographiquement, les différents milieux, de la zone tropicale (au sud de la péninsule du Yucatán) aux hauts plateaux de la Cordillère néovolcanique (au centre du Mexique) en passant par les sommets de la Sierra Madre del Sur (dans les États actuels du Michoacán et de Oaxaca), ne forment pas une unité géographique.

Contexte écologique

Paysage des terres mésoaméricaines de haute altitude (champs de maïs en avant-plan du volcan Popocatépetl).

Le territoire mésoaméricain se situe entre le 10 ° et le 22 ° de latitude nord. Il comprend la zone centrale du Mexique, l'isthme de Tehuantepec, la péninsule du Yucatán; le Guatemala, le Belize, le Salvador et la côte pacifique du Honduras, Nicaragua et du Costa Rica jusqu'au golfe de Nicoya. Il forme une association complexe de différents écosystèmes. Michæl D. Cœ distingue les hautes terres (qui regroupent les différentes zones dont l'altitude est comprise entre 1000 à 2 000 m) qui sont aussi connues comme l'Altiplano mexicain et les basses terres avec des altitudes plus proches du niveau de la mer et qui ne dépassent pas les 1 000 m. Le premier groupe présente une grande diversité climatique, qui va du climat froid de montagne au climat tropical aride. Cependant les climats subtropicaux ou tropicaux prédominent, comme sur la côte du golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.

Certaines des vallées des hautes terres de Mésoamérique possèdent un sol fertile à vocation agricole. C'est le cas des vallées du Oaxaca, celle de Puebla-Tlaxcala et de Mexico. Cependant, leur situation encaissée ne facilite pas les précipitations. Cette situation est spécifiquement critique dans les terres chaudes des vallées mixtèques qui sont probablement les plus arides des hautes terres. Outre le manque de pluie, il existe peu de cours d'eau et ils ont un débit réduit. Les premières recherches archéologiques présupposaient que le climat devait être plus favorable par le passé. Pourtant, avec les années et la profusion de connaissances sur la région, on sait que le climat ne devait pas être si différent de celui d'aujourd'hui, quoique les écosystèmes présentent un degré de dégradation génèrée par l'activité humaine. Une bonne partie des hautes terres présentent des preuves d'une déforestation ancienne, et diverses espèces ont disparu de leur habitat d'origine.

Donc, quoique les conditions des hautes terres de Mésoamérique n'aient pas été extragénéralement favorables, elles n'ont pas non plus été suffisamment défavorables pour empêcher le développement des hautes civilisations agricoles mésoaméricaines. De fait, leur situation est comparable à celles d'autres régions du monde où se sont produits des processus civilisateurs précoces, comme dans le nord du Pérou, ou dans la vallée de l'Indus, en Asie. Dans ces sites, comme en Mésoamérique l'être humain a dû apprendre à tirer profit au maximum des ressources dont il disposait dans son milieu. Les mésoaméricains des hautes terres, comme peuples agricoles, ont appris à stocker l'eau ainsi qu'à l'acheminer depuis les sources jusqu'à leur champ. Parmi les techniques agricoles de Mésoamérique la plus caractéristique fut peut-être la culture en chinampas, développée dans les lacs du plateau tarasque et surtout dans la vallée de Mexico, où subsistent un certain nombre de zones de chinampería à Xochimilco.

D'autre part, les agriculteurs mésoaméricains ont dû apprendre à compter le temps puisque la période pendant laquelle ils pouvaient semer restait comprise entre deux saisons qui menaçaient le résultat des récoltes de la culture principale, le maïs : la saison chaude et sèche du début du printemps et des gelées hivernales.

Il en était tout autrement pour les basses terres, en particulier dans le sud-est de la côte du Golfe du Mexique où les pluies sont assez abondantes. Les forêts tropicales à végétation dense couvraient une bonne partie des plaines côtières et ceci représentait un obstacle pour le développement de l'agriculture. Dans ces sites, tout autant la végétation comme l'excès d'eau formaient un problème, les mésoaméricains conçurent des dispositifs de drainage, dont on peut actuellement observer les restes dans la sous-région de Chontalpa dans l'État de Tabasco, où il subsiste ce qu'on nomme les camellones chontales.

Le jaguar était un animal particulièrement respecté en Mésoamérique, où il vivait essentiellement dans les forêts tropicales localisées entre les terres basses de Oaxaca et la limite sud de la zone culturelle.

D'autre part, la faune dont disposaient les peuples mésoaméricains n'était pas aisément domesticable. Plusieurs millénaires avant le début de la civilisation d'Amérique moyenne, les espèces majeures de mammifères qui auraient pu être domestiquées avaient disparu à cause d'une chasse excessive. Tel fut le cas du cheval et de diverses espèces de bovins. Ceci explique pourquoi les peuples de la région manquaient d'animaux de trait et pourquoi la civilisation mésoaméricaine fut exclusivement agricole. Les seules espèces domestiquées furent le xoloitzcuintle et le dindon, mais ils n'ont jamais constitué une partie importante du régime ou de l'économie de la majorité des mésoaméricains.

En dépit de ce qui précède, les sociétés de la région pratiquaient la chasse d'autre espèces, en complément de leur régime (cerf, lapins, oiseaux, et de nombreux insectes), ou comme articles somptuaires (peaux de félins, plumages).

Dans la mesure où la Mésoamérique se présente fragmentée en niches écologiques particulièrement réduites et diverses, aucune des sociétés qui la peuplaient durant les temps préhispaniques n'était autosuffisante. Pour cette raison, à partir des derniers siècles de la période archaïque, antérieure à la préclassique, les peuples de la région se spécialisèrent dans l'exploitation de certaines ressources naturelles abondantes. Puis ils ont établi des réseaux d'échange commercial pour corriger les manques dus à l'environnement. Les peuples de l'Ouest , par exemple, se sont spécialisés dans la production agricole et la céramique; les habitants de l'Oaxaca produisaient du coton et la cochenille; de la côte arrivaient le sel, le poisson séché, les coquillages marins et le pigment comme la pourpre; des terres basses de la zone Maya et du golfe provenaient le cacao, la vanille, les peaux de jaguar, des oiseaux précieux comme le quetzal ou l'ara; du Mexique central provenait l'essentiel de l'obsidienne permettant de la fabrication des armes et des outils.

Géographie

Carte des aires culturelles de la Mésoamérique.

Les limites géographiques de la Mésoamérique ont varié selon les époques.

Leur définition n'est pas forcément particulièrement précise car il est quelquefois complexe d'évaluer si les données arquéologiques recueillies sur certains sites suffisent à les rattacher à la culture mésoaméricaine, surtout dans le cas de ceux qui sont à la frontière de l'Aridoamérique et de l'Oasisamérique.

Limite nord

La limite nord de la Mésoamérique est localisée, dans la totalité des publications, dans la partie nord de l'actuel Mexique.

Elle est déterminée sur la base des distinctions établies par Paul Khirchoff entre Mésoamérique, Aridoamérique et Oasisamérique.

Elle est le plus souvent localisée (d'est en ouest , comparé aux États mexicains actuels)  :

Aires culturelles

Même si la totalité des peuples mésoaméricains partageaient la plupart de points communs, du fait de nombreuses interactions politiques, culturelles et commerciales, ils n'étaient pas tous semblables. Ils formaient des ethnies différentes, ne parlaient pas tous la même langue et avaient développé des traditions spécifiques qui permettent de les distinguer et de les regrouper en diverses aires culturelles plus réduites : Nord, Occident, Guerrero, Centre, Golfe, Oaxaca, Maya et Amérique centrale.

Histoire

Article détaillé : Histoire de la Mésoamérique.

Périodisation

Un cadre chronologique général a été défini, pour la totalité des civilisations mésoaméricaines, à partir du XIXe siècle, sur la base d'une comparaison entre la Grèce antique et la civilisation maya qui venait d'être redécouverte grâce aux travaux de John Lloyd Stephens et Frederick Catherwood[4]. La période de l'apogée de la civilisation maya a ainsi été définie comme l'époque classique, et donc, la période antérieure a été qualifiée de préclassique et la postérieure de postclassique[4].

Ces trois périodes ont ensuite été subdivisées de manière plus fine, chacune en trois périodes en premier lieu : ancien, moyen et récent. Sont ensuite apparues des appellations supplémentaires, comme le protoclassique (du début du IIe siècle av. J. -C. à la fin du IIe siècle ap. J. -C. ) et l'épiclassique (d'environ 650 à 900 ap. J. -C. ) [5]. Pour la préhistoire de la Mésoamérique, on distingue aussi quelquefois préclassique et époque archaïque (d'environ 8000 à 2500 av. J. -C. ).

Les dates de début et de fin de chaque époque ont fait l'objet de nombreuses recherches et discussions, mais on attribue habituellement les dates suivantes à chaque période[6] :

Le début du classique pose spécifiquement problème. Linda Schele date le début du classique avec la première stèle datée 199 alors que Nikolai Grube, qui fixe le début du «classique» à 250, considère que ce n'est qu'une convention qui «a pour but de donner un cadre chronologique».

De nombreuses propositions de chronologies alternatives ont été publiées par d'éminents chercheurs, mais le cadre de référence de presque l'ensemble des mésoaméricanistes reste le schéma ci-dessus.

Époque préclassique

L'Époque préclassique fait suite à l'époque archaïque (-8000 à -2500). Elle marque véritablement les débuts de la Mésoamérique comme aire culturelle. Daté habituellement de -2500 à 300, le préclassique est marqué par les débuts de l'agriculture mésoaméricaine (fondée sur le maïs) et la sédentarisation. On ignore les noms des peuples de cette époque : les noms actuels leur ont été donnés plus tard. Des vagues de nouveaux arrivants continuent après la sédentarisation. Les peuples de langue nahuatl seraient les derniers arrivés. La taille des villages augmente progressivement, avec une différentiation des activités, comme à San José Mogote en Oaxaca, et le début d'échanges interrégionaux, en particulier des produits de prestige. Parmi les les sites les plus anciens figurent les complexes funéraires de la culture El Opeño et de la culture Capacha dans l'Ouest du Mexique.

Au préclassique moyen apparaissent des communautés plus importantes, comme Tlatilco au Mexique central et Monte Alban I en Oaxaca. Dans les basses-terres de la côte du Golfe du Mexique apparaît vers -1200 une culture, celle des Olmèques, qui, par sa sophistication, se distingue de l'ensemble des autres : centres cérémoniels monumentaux, apparition d'une élite sociale... Plusieurs centres olmèques se succèdent : San Lorenzo, La Venta, Tres Zapotes. Les traits culturels se répandent dans le restant de la Mésoamérique, du Guerrero au Honduras, au point qu'on parle de «culture-mère», un concept qui fait toujours l'objet d'âpres débats parmi les spécialistes[7]. Certains préfèrent parler de «cultures-sœurs», dont la naissance simultanée s'explique par l'existence de surplus agricoles, qui permettent partout l'émergence d'élites locales. La diffusion des traits culturels s'explique alors par les échanges commerciaux de produits de luxe recherchés par ces élites, tels que le jade, la turquoise, l'hématite, le cacao, les plumes d'oiseaux, etc.

Site de Cuicuilco, aujourd'hui dans les faubourgs de Mexico.

Au préclassique récent, les sites olmèques se sont éteints, à l'exception de Tres Zapotes. Des cultures locales se dégagent. En Oaxaca, Monte Alban II, centre de la civilisation zapotèque, et au Mexique central, le site de Cuicuilco. La disparition, suite à une éruption volcanique, de ce dernier site coïncide avec l'émergence de Teotihuacan, qui dominera l'époque suivante dans toute la Mésoamérique.

Des développements importants ont lieu à cette époque dans l'isthme de Tehuantepec, où apparaissent un type d'écriture original nommé épi-olmèque et les premières inscriptions en Compte long. Légèrement plus au sud, dans le piémont pacifique et les Hautes-Terres mayas, des sites tels que Kaminaljuyu, El Baul, Takalik Abaj et Izapa forment un chaînon entre les Olmèques et la civilisation maya. Le développement des Basses-Terres pose le problème des influences qu'elles ont subies, soit par contact direct avec les Olmèques, soit par le biais des cités des Hautes-Terres citées plus haut. Dans l'est des Basses-Terres du sud apparaissent les premières cités mayas, surtout Cerros au Belize. Les bouleversements les plus profonds concernent le Bassin d'El Mirador dans le Petén. Au cours des dernières décennies, l'exploration du site de Nakbé, où des plates-formes monumentales apparaissent au Préclassique moyen (vers 600), et en particulier du site d'El Mirador lui-même, dont la floraison date du Préclassique récent et qui compte la structure pyramidale principale jamais construite dans le monde maya[8], a bouleversé l'idée que les spécialistes se faisaient du développement de la civilisation maya. Le gigantisme des constructions d'El Mirador à une époque aussi précoce implique une main d'œuvre extrêmement importante et un degré d'organisation politique reconnu il y a peu comme inconnu avant l'Époque classique. Vers 150, le bassin d'El Mirador se dépeuple. Cette période semble correspondre à un premier «effondrement» de la civilisation maya, avant celui de la fin de l'Époque classique.

À l'autre extrémité du monde mésoaméricain, dans la région que les archéologues mexicains nomment «Occidente», dans les États actuels de Colima, Nayarit et Jalisco, ainsi qu'au long du fleuve Mezcala, fleurissent les cultures dites des «tombes à fosse», dont la datation est incertaine. Légèrement plus au sud-est , dans l'actuel État de Guanajuato, s'épanouit la culture Chupicuaro.

Époque classique

Site de Teotihuacán.

Le Classique ancien est dominé par la mégalopole de Teotihuacán, dont l'influence se fait sentir jusque dans la zone maya[9], où le centre de gravité s'est déplacé vers les Basses-Terres du sud : de nombreuses cités-États développent un dispositif politique fondé sur la «royauté divine».

En Oaxaca, le passage du Préclassique (Monte Albán II) au Classique (Monte Albán III) s'opère sans solution de continuité. À son apogée (Monte Albán IIIb) la capitale zapotèque compte 30 000 habitants[10]. La majorité des bâtiments visibles aujourd'hui datent de cette époque. Monte Albán III est contemporain de Teotihuacán avec laquelle il entretient des rapports diplomatiques[11]. Il existe d'autre part un quartier («barrio») zapotèque à Teotihuacán. À l'extrémité est de la Mésoamérique se développe la culture de Cotzumalhuapa.

Au Classique récent, l'écroulement de Teotihuacan au VIIe siècle, dans des circonstances mal définies - invasion ou rébellion ? - aura pour conséquence la perturbation des routes commerciales et l'irruption de groupes chichimèques venus du nord, comme ce sera d'ailleurs toujours fréquemment le cas dans l'histoire de la Mésoamérique.

Peintures murales de Cacaxtla.

Certains développements continuent à laisser les archéologies perplexes, surtout la présence de guerriers mayas sur des peintures murales de Cacaxtla au Mexique central. Des cités plus petites prennent le relais de Teotihuacan, surtout Xochicalco et Cholula. En Oaxaca, Monte Alban décline aussi et est progressivement abandonné vers 700. Dans la région de la Côte du Golfe du Mexique fleurit la culture d'El Tajin, qui se distingue par l'importance accordée au jeu de balle. En témoignent les nombreux «jougs», «hachas» et «palmas» associés à cette activité qu'on a retrouvés dans la région. Dans les Basses-Terres centrales mayas, les archéologues, se fondant sur l'absence d'inscriptions à Tikal au milieu du VIe siècle, ont cru voir jadis un «hiatus»[12], qui aurait marqué la frontière entre le Classique ancien et le Classique récent. Aujourd'hui on considère qu'il s'agit d'un phénomène local, à situer dans le cadre de la compétition féroce que se livraient les principales cités maya de l'époque, Calakmul et Tikal, cette dernière ayant eu le dessous. Tikal se relèvera de sa défaite et le Classique récent se définit à la fois par l'extraordinaire épanouissement artistique de la plupart de cités maya et des conflits d'un intensité encore plus forte. Dans les Basses-Terres centrales maya, on assiste littéralement à un «effondrement» à partir du IXe siècle : les unes après les autres, les cités cessent d'ériger des stèles datées en Compte Long. Les Basses-Terres du sud se dépeuplent progressivement. Par contre, dans les Basses-Terres du nord, la fin du Classique ou Classique final voit l'épanouissement des cités Puuc d'Uxmal, Sayil, Labna et kabah. L'ensemble des cultures mexicaines déclinent aussi vers 900.

Époque postclassique

Zone archéologique de Tula.

L'Époque postclassique va de 900 à la conquête espagnole.

Dans la zone maya, le Yucatan prend le relais des Basses-Terres centrales. On peut penser qu'il bénéficie d'un apport de population en provenance des Basses-Terres du sud. Des cités comme Uxmal, Labna... développent un style régional nommé «puuc». Au Xe siècle, la cité de Chichen Itza domine la région. Les ressemblances frappantes entre les monuments de Chichen Itza et ceux de Tula ont donné naissance à la fameuse théorie de l'«invasion toltèque» au Yucatan. Si les contacts entre le Mexique central et la zone maya ne font aucun doute, de plus en plus de spécialistes remettent en question cette invasion, admettant simplement qu'on ne dispose pas de réponse à la question pour l'instant[13]. Le déclin de Chichen Itza s'amorce au XIe siècle. Après sa défaite vers 1220 par la cité de Mayapan, cette dernière prend la tête d'une confédération qui domine la péninsule du Yucatan[14]. Les Livres de Chilam Balam relatent la chute de Mayapan au XVe siècle. Cet événement marque le début d'un émiettement politique qui dure jusqu'à la conquête espagnole.

Dans les Hautes-Terres mayas, des élites se réclamant des «Toltèques»[15] fondent des royaumes conquérants, pourvus d'une direction collégiale, où l'influence culturelle mexicaine est sensible. Le principal de ces royaumes est celui des Quichés, auxquels nous devons notre principale source écrite sur la religion maya, le Popol Vuh. Au XVe sièlce, les Cakchiquels leur disputent l'hégémonie sur les hautes-Terres.

La partie occidentale de l'Oaxaca est le territoire des Mixtèques, un peuple apparenté linguistiquement à leurs voisins zapotèques. Assez mal connus à l'Époque classique, ils s'affirment au Postclassique. Leur histoire nous est connue par des documents ethnohistoriqus, la série des codex dits «mixtèques». Ils étaient divisés en cités-états militaristes qui se faisaient la guerre et pénétrèrent le territoire des Zapotèques, dont ils réutilisèrent les tombes à Monte Albán (phase V). Ils apportèrent une contribution importante à l'histoire des arts mésoaméricains dans le domaine de la céramique, des mosaïques en turquoise, et en particulier de l'orfèvrerie, dont la technique leur serait parvenue du Pérou[16].

Dans le Mexique central, du chaos de la fin du Classique émergent les Toltèques, venus du nord comme l'ensemble des envahisseurs. Ils établissent leur capitale à Tula. Selon la tradition, ils auraient été menés par un chef nommé Mixcoatl, dont le fils, Topiltzin, aurait donné naissance aux légendes de Quetzalcoatl. Au Postclassique récent, Tula s'écroule au XIIe siècle sous les coups de nouvelles vagues chichimèques venues du nord. Cette situation génère un nouvel émiettement politique. Des groupes toltèques émigrent vers la vallée de Mexico, où ils fondent de petits États, tels que Xochimilco ou Azcapotzalco. Ils sont suivis par des bandes de Chichimèques, auxquels on doit la fondation de Texcoco. À partir du XVe siècle, la scène est dominée par l'émergence des Aztèques ou Mexicas, les derniers arrivés des Chichimèques, dont les origines se perdent dans les brumes légendaires et que ses pérégrinations ont amené dans la vallée de Mexico. Après des débuts pénibles, en légèrement moins d'un siècle, ils bâtissent un empire qui couvre du golfe du Mexique jusqu'à l'océan Pacifique. Ils se veulent les héritiers de Teotihuacan et en particulier des Toltèques. Le royaume tarasque au Michoacán est l'unique puissance à résister aux Aztèques, et même à rivaliser avec eux. L'irruption des conquistadors espagnols sur la côte du Golfe du Mexique en 1519 mit brutalement fin au développement des sociétés mésoaméricaines. Après la destruction de Tenochtitlan par Hernan Cortés et ses alliés indiens tlaxcaltèques, les Espagnols étendirent rapidement leur domination sur la totalité de la Mésoamérique.

Les Mayas du Yucatan leur opposèrent une résistance farouche jusqu'en 1546. À la place des sociétés autochtones s'installa ensuite une société métisse, la société coloniale espagnole. Seul le petit royaume maya de Tayasal, protégé par les jungles du Petén perpétua la culture autochtone jusqu'à sa destruction par les Espagnols en 1697.

Frise chronologique

Notes et références

  1. (en) Michæl Ernest Smith et Frances Berdan, The Postclassic Mesoamerican World, University of Utah Press, 2003 (ISBN 0874807344) [lire en ligne].
    «Paul Kirchhoff [... ] was the first scholar to provide a systematic definition of "Mesoamerica" as a meaningful spatial unit. » (p. 21)
     
  2. Cette périodisation a été affinée et même remise en question par de nombreux spécialistes, mais elle reste utilisée comme cadre de référence commun (voir l'article Chronologie de la Mésoamérique pour de plus amples informations).
  3. Duverger 2007, p.  64.
  4. Duverger 2007, p.  175.
  5. Duverger 2007, p.  179-180
  6. Arqueología mexicana, hors-série n°11 (Tiempo mesoamericano).
  7. Carrasco 2001, volume 2, page 239.
  8. Richard D. Hansen, Early Social complexity and Kingship in the Mirador Basin, in : Virginia M. Fields & Dorie Reens-Budet (Éd. ), Lords of Creation, The origins of Sacred Maya Kingship, Scala Publishers Ltd., p. 60.
  9. Robert J. Sharer & Simon Martin, Strangers in the Maya Area,  :Early Classic Interaction with Teotihuacan, in : Virignia M. Fields & Dorie Reents-Budet, Lords of Creation : The Origins of Sacred Maya Kingship, Scala Publishers Ltd., p. 80-90
  10. Ernesto Gonzalez Licon, Les cultures préhispaniques de l'Oaxaca, in Dossiers de l'archéologie, n° 245, p. 17
  11. Joyce Marcus & Kent V. Flannery, Zapotec civilization, Thames & Hudson, p. 233
  12. Simon Martin & Nikolai Grube, Chronicle of the Maya Kings and Queens, Thames & Hudson (2e édition), 2008, p. 40
  13. Carrasco 2001, volume 2, page 250.
  14. David Drew, The Lost Chronicles of the Maya Kings, Phœnix, p. 379
  15. Arthur Demarest , Les Mayas, Tallandier, p. 280
  16. Henri Stierlin, L'art aztèque et ses origines, Seuil, 1986, p. 111

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Recherche sur Amazone (livres) :



Principaux mots-clés de cette page : maya - mésoamérique - terre - classique - époques - mexique - culture - préclassique - nord - civilisations - sud - basses - culturelle - siècles - zone - oaxaca - haute - sites - début - cités - mésoaméricaine - groupe - peuple - région - récent - postclassique - mésoaméricain - golfe - monte - histoire -


Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9soam%C3%A9rique.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/11/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu