Albanie

L'Albanie, en forme longue la République d'Albanie, en albanais Shqipëri et Republika e Shqipërisë, littéralement «pays des aigles») est une république localisée en Europe du Sud dans l'ouest de la péninsule des Balkans, possédant une ouverture sur la mer Adriatique...


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Republika e Shqipërisë (sq)
République d'Albanie (fr)
Drapeau de l'Albanie Armoiries de l'Albanie
(Drapeau de l'Albanie) (Armoiries de l'Albanie)
Devise nationale  : Feja e Shqiptarit është Shqiptaria.

La religion de l'Albanais, c'est le sentiment national albanais.

carte
Langues officielles Albanais
Capitale Tirana
41°19′39″N 19°49′07″E / 41.3275, 19.81861
Plus grande ville Tirana
Forme de l'État République parlementaire
 - Président
Premier ministre
Bamir Topi
Sali Berisha
Superficie
 - Totale
 - Eau (%)
Classé 138e
28 748 km2
4, 7
Population
 - Totale (2008)
 - Densité
Classé 128e
3 619 778[1] hab.
128 hab. /km2
Indépendance
 - Création
Empire ottoman
28 novembre 1912
Gentilé Albanais, Albanaise
PIB (nominal) (2009) 22, 59 milliards USD (117e)
IDH (2007) Augmentation 0, 818 (élevé) (70e)
Monnaie Lek (ALL)
Fuseau horaire UTC +1
Hymne national Hymni i Flamurit
Domaine internet . al
Indicatif
téléphonique
+355


L'Albanie, en forme longue la République d'Albanie, en albanais Shqipëri et Republika e Shqipërisë [ɾɛˈpubliˌka ɛ ˌʃcipˈɾi :s], littéralement «pays des aigles») est une république localisée en Europe du Sud dans l'ouest de la péninsule des Balkans, possédant une ouverture sur la mer Adriatique et sur la mer Ionienne. Elle a des frontières communes avec le Monténégro au nord, au nord-est avec le Kosovo, à l'est avec la République de Macédoine et au sud avec la Grèce.

Le pays serait peuplé d'environ 3, 6 millions d'habitants en 2008[1] (selon l'INED ce chiffre ne serait que de 3, 2 millions[2]), sur un territoire montagneux à 70 % ; plusieurs millions de locuteurs de l'albanais (autochtones ou émigrés) vivent d'autre part dans d'autres pays.

Tirana en est la capitale : la cité atteint presque le million d'habitants. Les autres villes importantes du pays sont Durrës (environ 190 000 habitants), Elbasan et Shkodra chacune avec à peu près 100 000 habitants, Vlora (95 000), Korçë (80 000) et Berat (70 000).

Le régime politique est une république parlementaire depuis la chute du régime communiste au début des années 1990. Le pays est candidat à l'adhésion à l'Union européenne.


Histoire

Article détaillé : Histoire de l'Albanie.

Antiquité Ancienne et Antiquité Tardive

Monnaies illyriennes 2e s
v. JC
Monnaies Illyriennes II av. J. C.
Tribues illyriennes
Le Royaume d'Illyrie
Epitaph of Gllavenica 1373
Epitaphe de Gllavenica (Ballsh), Albanie

Selon Hérodote, les territoires actuels de l'Albanie (y compris ceux de la Macédoine) auraient été habités de petites communautés isolées de Pélasges, parlant leur langue "barbare"[3]. Elles étaient installées essentiellement en Chalcidique (du côté du Mont Athos) et en Asie Mineure (en particulier en Lydie). A propos des éléments vivant en Chalcidique, Thucydide parle de "Pélasges appartenant au groupe tyrrhénien, qui peuplait jadis Lemnos et l'Attique[4]. Mais il apparaît comme certain que les enclaves pélasgiques ont été réduites et que les anciens habitants des Balkans ont tous été assimilés linguistiquement par les Indo-Européens. L'unique chose qui puisse être dite avec certitude est que les Pélasges étaient les peuples qui vivaient dans le sud des Balkans avant l'arrivée des Indo-Européens. Un royaume illyrien s'est étendu de la côte dalmate jusqu'au centre de l'Epire (passant par les territoires actuels de la Croatie du sud, du Monténégro, de la Bosnie, de l'Albanie, du Kosovo, et de la Grèce du nord) [5].

Cet Etat atteint l'apogée de sa puissance sous les règnes du roi Agron puis de sa fille, la régente Teuta. La capitale de ce royaume était la ville de Shkodër (ou Scodra en latin, et Scutari en italien, localisée au nord de l'Albanie actuelle) au milieu du IIIe siècle av. J. -C. Ce royaume est devenu une forte puissance maritime, mettant ainsi en danger le commerce de la République romaine[6]. On note que Pline l'Ancien emploie l'expression "Illyrii proprie dicti" (Illyriens eux-mêmes) pour désigner les populations qui vivaient dans les territoires actuels du sud de la Croatie, l'Herzégovine, le Monténégro et la moitié nord de l'Albanie[7]. En conséquence, en -168, Rome conquiert l'Illyrie, qui reste sous son autorité pendant plus de cinq siècles. L'Illyrie devient un centre important reliant Rome et Byzance par la Via Egnatia. Pendant cette période, des ports illyriens comme Dyrrachium (Durrës), Apollonie ou Oricum se transforment en d'importantes places commerciales[8].

Le nom d'Albanoï apparaît pour la première fois au IIe siècle, dans un texte du géographe Ptolémée. Ce nom réapparaît ensuite régulièrement, à partir du Xe siècle, sous la plume des chroniqueurs byzantins. À la suite du partage de l'Empire romain en 395, l'Albanie est intégrée politiquement à l'empire d'Orient. Les provinces illyriennes sont dévastées par des tribus nomades, les Goths au IVe siècle et les Huns au Ve siècle, les Bulgares, et les tribus slaves au VIIe siècle, Serbes et Croates en provenance du nord des Carpates (sud de la Pologne actuelle) [9]. Craignant d'être submergés, les Illyriens migrent vers le sud de la péninsule illyrienne et se concentrent dans les régions montagneuses escarpées correspondant aux territoires du Monténégro et de la Serbie actuels (presque 3 000 mètres d'altitude) où ils sont sous la domination théorique de l'Empire byzantin, mais sous la dépendance de l'Église catholique romaine.

Durant l'Antiquité tardive, au XIe siècle, l'historien byzantin Michælis Attaleiates écrit une "Histoire" dans laquelle il parle des Albanoï qui ont participé à un soulèvement contre Constantinople en 1043, et des Arbanitai qui étaient des habitants du duché de Dyrrachium (Durrës), la Nouvelle Epire. Vers 1081, un autre historien, Ioannis Scylitzes, évoque des Arvanites qui forment une partie des troupes réunies par le Duc de Durrës, Nicéphorus Basilacius, en rébellion contre Constantinople. Toujours au XIe siècle, Albanopolis est identifiée à Kruje (Croia) et Zgerdhësh, centre de l'Arbanon, avant d'être la citadelle de Georges Kastriot Skanderbeg au XVe siècle. Mention des Albanais est faite aussi au XIe siècle dans la chronique d'Anne Comnène, la fille de l'Empereur byzantin Alexis I Comnène. Ce dernier est alors confronté à l'invasion normande conduite par Robert Guiscard. Ce dernier sera battu à Shën Koll (Saint-Nicolas), près de Durrës, et selon la chronique il aurait pu vaincre "s'il avait attendu les Arvanites". Replié ensuite vers Ohrid, il aurait donné le commandement de la place de Durrës au komiskort (seigneur) de l'Arbanon. De 1272 aux années 1280, la région se trouve sous le contrôle de Charles d'Anjou (frère de Saint-Louis, installé en premier lieu en Sicile), qui se proclame "rex Albaniæ". Le territoire de ce royaume a la forme d'un rectangle dont les sommets sont actuellement à Bar (Monténégro) (anciennement Tivar), Prizren (Kosovo), Ohrid et Vlora (sud de l'Albanie actuelle). Ce qui résulte de la langue albanaise actuellement sert à dire que ces Arvanites/Arbanites ou Arbën (r) du XIIIe siècle sont des Illyriens qui ont résisté à l'hellénisation, à la romanisation ainsi qu'à la slavisation. On les retrouve au XIIIe siècle sur la côte adriatique de Raguse au golfe d'Arta, ainsi qu'au sein des Balkans, dans l'antique Dardanie et dans l'ouest de la Macédoine actuelle. Cela ne correspond qu'à une partie uniquement du territoire sur lequel vivaient les tribus identifiées comme illyriennes dans l'Antiquité. L'autre partie, au nord ainsi qu'à l'est , est alors habitée par des peuples slaves, ou slavisés[10]. La région fut christianisée du Ier siècle au IIe siècle par Saint Paul en Illyricum (Albanie actuelle du nord et centrale) et par André (apôtre) en Epire (Albanie actuelle du sud).

Moyen Âge

Buthrote, classé à l'UNESCO.
Tanush Topia
Tanush Topia, Commandant de Durrës (1338-1460)

La prise de Constantinople et le sac de la ville par les Croisés en avril 1204 forment un événement majeur pour le destin de la région. On peut y voir une cause directe de l'irruption de l'islam dans la région. Le schisme de 1054 n'avait pas été vécu comme tel par la grande majorité des chrétiens. Mais la prise de Constantinople par les chevaliers de l'Europe occidentale fut ressentie dans le monde hellénique comme une inqualifiable agression. Plus tard, la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 donna lieu au déchaînement de la soldatesque musulmane. En 1204 en Albanie, la division première est religieuse : catholiques au Nord, et orthodoxes au Sud (en dessous de Durrës). L'occupation de Constantinople par les Latins contribua à une forte identification de l'Eglise orthodoxe, et spécifiquement en Epire, où un despotat grec se forma dès 1204, et c'est de cette époque que date la domination de l'Eglise orthodoxe au sud de l'Albanie.

Les Normands, qui gouvernaient le sud de l'Italie, conquirent Durrës en 1081. Les Byzantins reconquirent l'Albanie en 1083. Des Normands y retournèrent en 1107 et toujours en 1185 mais furent rapidement expulsés. En 1190, le prince albanais Progon réussit à instaurer un État indépendant qui se maintient jusqu'à la moitié du XIIIe siècle. Le deuxième Empire Bulgare qui atteint son apogée sous le reigne d'Ivan Assèn II (1218-1241), couvre de Belgrade à Andrinople, et dans les Balkans une grande partie des régions albanaises jusqu'à la sortie de l'Adriatique sont sous son contrôle. Cet empire chutera à la mort d'Ivan Assèn II. Un siècle plus tard, avec l'émancipation de Stefan Nemanja de l'Empire byzantin, un empire serbe atteint son apogée au milieu du XIVe siècle, sous le règne d'Étienne IV Douchan (1331 à 1355), période durant laquelle une partie du nord de l'Albanie (jusqu'à Durrës où commençaient les territoires appartenant à la République de Venise) est sous sa domination (13 ans).

L'historiographie fait apparaître l'existence de plusieurs Principautés albanaises avec l'effondrement de l'Empire de Dusan et les premières incursions ottomanes dans l'ouest des Balkans autours de 1385. De puissants seigneurs albanais dirigeaient la majorité des régions albanophones des Balkans, de Kosovo à Arta.

Ces Principautés étaient le despotat des Balsha, des Aranit, des Dukagjin et des Kastriot (régnant sur les territoires actuels du Kosovo, du Monténégro et du nord de l'Albanie), celle des Topia (régnant de Durrës à Ohrid), le despotat d'Arta qui s'étendait jusqu'au golfe de Corinthe, la Principauté des Zenebish (basée à la ville de Gjirokastër), et celle des Muzaka (régnant de Berat à Kastoria en Macédoine, actuellement ville grecque).

Les territoires de ces Principautés n'étaient pas stables à cause des divisions et regroupements qui se faisaient en relation avec des partages d'héritages, des mariages et l'évolution des rapports de force. Lors de l'attaque ottomane de la Bataille de Kosovo (1389), dans laquelle prirent part l'ensemble des forces balkaniques (Albanais, Hongrois, Vlaques, Serbes et Bosniaques), la défaite fut avant tout une défaite albanaise. Si ces forces semblent avoir accepté la direction du Prince Lazare, c'est probablement parce qu'il était plus directement concerné, la confrontation se faisant au sud de la Serbie. À peu près un quart de l'ensemble des forces mobilisées de la coalition étaient albanaises. Les plus grands chefs féodaux albanais, tels Gjergj II Balsha Seigneur de Shkodër, et Teodor II Muzaka, Seigneur de Berat, ont participé au champ de bataille. La conséquence immédiate de la défaite fut l'extension de la domination ottomane sur les régions albanophones[11].

L'Albanie vénitienne et le décès de Georges Castriote dit Skanderbeg

Toile de Vittore Carpaccio pour Santa Scuola degli Albanesi
Vittore Carpaccio, Santa Scuola degli Albanesi, Venise

Au Xe siècle, la République de Venise couvre à la côte dalmate. En 1202-1204, les Croisés l'aidèrent à conquérir plusieurs autres étapes sur la route vers l'Orient (de Zadar en Croatie jusqu'aux Îles Ioniennes aujourd'hui en Grèce) quoique ce ne fût pas à l'origine l'objectif de l'expédition. Au XVe siècle (1448), ce que la République de Venise nomme l'Albanie vénitienne comprend les territoires et populations s'étendant de Kotor (nord du Monténégro actuel), en passant par Shkodër (Scutari) et Durrës (Durazzo), jusqu'à la ville de Arta (région de Ioannina, aujourd'hui partie de la Grèce du nord depuis 1918).

A cette période débutent aussi les premières installations des Albanais en Italie. En 1450, le roi de Naples, Alphonse V d'Aragon, voulant soumettre la Calabre, leva des troupes dans lesquelles prirent part les Albanais, et énormément de ceux-ci ne retournèrent pas en Albanie alors en proie à des luttes incessantes. Dans la province de Catanzaro il fondèrent les colonies de Amato, Andali, Casalnovo, Caraffa, Vena, Zanganore, Pallagoria, San Nicolo dell'Alto, Carfizzi, Gizzerie, Marcedusa et Zegaria. En Sicile, ils s'établirent près de Palerme, à Contessa[12].

Après la chute de Constantinople, les incursions turques dans les Balkans se font de plus en plus insistantes. En dépit d'une résistance rassemblée derrière le seigneur Georges Kastriot Skanderbeg (v. 1403-1468), fils du prince d'Epire Gjon Kastrioti (Jean Castriote) et de l'aide de la République de Venise, l'Albanie succombera à l'occupation ottomane. Pendant près d'un quart de siècle, ce personnage — salué par les papes Nicolas V et Pie II du nom de «champion du Christ» — infligea de rudes défaites aux troupes turques, sans pouvoir cependant les chasser pour toujours.

En mourant, Georges Kastriot Skanderbeg laissera entre les mains des Vénitiens la Principauté d'Arbëri qu'il avait fondée. Il semblerait que les Princes chrétiens ne comprirent pas à temps le rôle immense que Skanderbeg eût pu jouer dans les guerres contre les Turcs au moment décisif où ceux-ci prenaient décidément pied en Europe. Ils ne surent pas lui venir en aide, aussi dut-il se limiter à une guerre purement défensive. Ses victoires demeurent stériles, faute de pouvoir en reueillir les fruits. Fréderic Gibert dira dans l'étude de l'histoire des pays d'Albanie en 1914 "... nous pouvons par conséquent avancer qu'il [Skanderbeg] doit être positionné au rang des plus grands généraux dont l'Histoire fait mention et que les Turcs furent bien avisés en le nommant : Prince Alexandre [en mémoire à Alexandre Le Grand de par sa mère d'origine illyrienne Olympias, Princesse d'Epire]"[12]. Outre le pape Nicolas X qui lui décerna le titre de "Champion de la Chrétienté", Élisabeth Ire d'Angleterre, réputée pour la plus anticatholique priait pour Georges Kastriot Skanderbeg catholique. Voltaire écrivit que "si les empereurs grecs (de Byzance) avaient été de la trempe de Scanderbeg, l'Empire d'Orient (Empire byzantin) aurait pu être sauvé". James Wolfe, le héros du Québec a qualifié Georges Kastriot Skanderbeg de "plus grand général de l'histoire à la tête d'une petite armée". Napoléon Ier, dans ses mémoires qu'il dicta à Saint Hélène, considéra Georges Kastriot Skanderbeg parmi l'un des quatre plus grands généraux de l'ensemble des temps.

Le siège de Shkodër par les Ottomans

Ville de Croia, Albanie
Château de Kruja
Château Shkoder, Albanie
Château de Shkodër (Rozafa)

Sous la conduite de Suleiman-Pacha, les Turcs vinrent assiéger Shkodër en 1474. Cette ville, principale d'Albanie aux yeux de Venise, fut défendue par le sénateur Antonio Loredan. La première résistance dura 3 mois. A ce moment la flotte ottomane, massée à l'embouchure du lac de Buna de Shkodër, fut dispersée par l'amiral Triadano Gritti, et le siège fut levé grâce à une diversion du roi de Hongrie. Des scènes de bataille seront peintes par Paolo Veronese montrant sur un rocher le Château de Shkodër (Rozafa) sur lequel flotte un drapeau vénitien, avec en arrière-plan la Cathédrale de Saint Stéphane de Shkodër[13]. Vers la fin de 1477, une puissante armée commandée par Ali-Bey et Gaiolla-Pacha vint à nouveau investir la ville. Ce siège était particulièrement remarquable au point de vue de l'artillerie : on y fit pour la première fois usage d'obus incendiaires. Les bombardes atteignirent des poids de 600 et même 1 200 livres. L'autre innovation fut celle d'une pièce à double canon nommée "canon du prince". Le bombardement fut terrible : lorsque Mahomet II vint lui-même devant la place, on lança sur Shkodër, du 5 au 19 juillet 1478, plus de 2 600 boulets de tous calibres et du poids de 3 à 11 quintaux, plus de 10 pots à feu, chiffres énormes pour l'époque.

Cependant la ville tenait bon, même les femmes combattaient. Les furieux assauts que Mahomet II fit livrer, surtout les 22, 27, 28 juillet 1478, furent inutiles ; aussi laissa-t-il à ses généraux le soin de poursuivre le blocus, faisant occuper Drisht (Drivasto) et Zabliak (citadelle monténégrine), et prit entre-temps le château de Lezha (Alessio). La ville de Krujë (Croïa) avait capitulé le 5 juin 1478, au bout de 13 mois de résistance. Ses habitants furent décapités au mépris de toute parole donnée. C'est la famine qui les fit succomber, de même qu'elle fit succomber, au bout de 15 mois, les 1 600 défenseurs de Shkodër enfin obligés de se rendre aux 40 000 soldats de Ahmed-Pacha, le 25 janvier 1479.

Parmi les autres défenseurs de Shkodër, les Monténégrins se refugièrent à Cetinje.

Occupation ottomane - Fuites massives des Albanais vers l'Italie

Georges Castriote, Albanie
Représentation de la résistance de Gjergj Kastrioti
Georges Castriote, Albanie
Casque de Gjergj Kastrioti
Georges Castriote, Albanie
Gjergj Kastrioti
Révolte de la région Mirdita contre les Ottomans, Albanie
Révolte de Mirdita

À la fin du XVe siècle, l'Albanie fut occupée par les Ottomans. Les provinces albanaises de Ioannina au sud, à Preševo au nord, en passant par Skopje et Bitola (Monastir) à l'est , retombèrent dans leurs déchirements féodaux et le sultan Murat II achèvera d'abattre ces "«remparts Papistes»"[14].

Après ces chutes, et après des efforts et négociations de longue haleine, la République de Venise réussit à convenir le 25 janvier 1479 d'un accord avec le Sultan Mehmet II, selon lequel la dernière forteresse de l'Albanie vénitienne (Shkodër) passait entre les mains des Ottomans, et ses habitants pouvaient quitter la ville. Le 25 avril 1479 l'occupant turc entra à Shkodër. Le Provéditeur vénitien, Antonio de Lezze, stipula que la garnison se retirerait avec armes et bagages : une partie s'en fut à Venise où le Sénat montra une grande considération pour l'ensemble des familles en provenance de Shkodër, Drisht et Durrës, pour leur courage et leur fidélité à Venise. Les Albanais reçurent des terres pour s'installer à Venezia et Friouli. Le Sénat de la République de Venise installa aussi les religieux albanais dans des paroisses de Venise, de Padoue et légèrement partout dans le Nord de l'Italie sur les territoires sous la dépendance de Venise[15]. Ceux qui restèrent à Venise se regroupèrent en confréries sous les termes Saint Maurice et Saint Gallo. Les habitants de Shkodër et des zones aux alentours abandonnèrent ainsi massivement la région (ensemble avec des personnages politiques albanais comme Lek et Nikollë Dukagjini, Gjon [Jean] Gjurashi, etc. ). La République de Venise rendra ensuite dans la même année aux Ottomans l'Albanie du Sud (les châteaux de Himarë, Sopoti (Borshi) et de Kastrovila). Les Turcs prendront aussi les dernières possessions du Seigneur Leonard I (IV) Toko dans l'Albanie du Sud.

Quelques années après l'installation de l'occupant turc en Albanie, de nombreux chrétiens albanais (du sud de l'Albanie cette fois-ci) fuirent toujours plus massivement l'Albanie vers l'Italie, formant la communauté des Arbëresh, qui existe toujours actuellement surtout en Sicile et en Italie du Sud, dans les provinces de Foggia, Potenza, Catanzaro, Teramo, Campobasso, Lecce, Palermo, Catane, Girgenti, Cozensa. A l'exception des émigrés du nord de l'Albanie, qui étaientdu rite catholique romain jusqu'à la ville de Durrës, les émigrés du sud étaient du rite catholique byzantin. Cette importante émigration s'installa en Italie et rejoignit ceux qui avaient déjà émigré progresivement entre 1481 et 1492, dès les premières attaques ottomanes. Cette communauté créera les centres de Palazzo Adriano (1481), Santa Cristina, Gela, Mezzojuso (1490), San Angelo di Girgenti, S. Michele di Bagoaria. Plus tard, elle fondera (1536) les colonies de Basile, Moschite, S. Costantino albanese, S. Paolo albanese, Brindisi de la Montagne (dans la Basalicate), et de Farneta à Cosenza[12].

La communauté des Arbëresh se renforça en 1680, avec la création de nouvelles fondations : celles de Ururi, Portocannone, Campomarino, et Montecilfone (Campobasso). Charles III de Bourbon fut particulièrement favorable aux Albanais, ainsi il leur permit de fonder des établissements spéciaux pour l'éducation de leurs enfants, par exemple les collèges de San Benedetto, Ullano, et de Palerme. Qui plus est , il fut créé des Evêchés albanais du rite gréco-catholique. C'est pourquoi une nouvelle masse de colons passera en Italie, de même que sous l'empire de Ferdinand IV du Saint-Empire. Ces derniers émigrés s'établirent à Brindisi ainsi qu'à Naples, surtout à la suite du régiment Royal de Macédoine constitué d'Albanais et de Macédoniens. Il existe une littérature italo-albanaise qui comptait au début du XXe siècle des écrivains de valeur comme Don Variboda, Dorsa, Mauro, de Rada, Marchiano. Les meilleurs statistiques sur les Albanais d'Italie ont été faites par Barbarich.

Les Vénitiens ne purent conserver leurs Echelles d'Albanie et leurs Etablissements de Morée qu'en payant un tribut annuel à Mahomet II qui, avant de mourir en 1481, donna le commandement de l'Epire (dont la moitié sud de l'Albanie) à un petit-fils musulman, dont le dernier descendant direct fut le marquis de Saint-Ange, tué par les Français le 25 février 1575 à la bataille de Pavie. La paix entre Venise et l'Empire ottoman de 1501 fut à nouveau troublée au moment de la bataille de Lépante (1571). A cette époque, les Albanais firent de nombreuses tentatives désespérées pour secouer le joug ottoman et pour intéresser les chrétiens à leur sort. Ce fut en vain et , en 1592, ayant vu les Princes italiens Charles-Emmanuel I et le Duc de Parme Ranuce II Farnèse refuser la couronne d'Albanie, ils se résignèrent, à l'exception des montagnards du Nord de l'Albanie et des Chimariotes du Sud, à la domination turque.

Occupation ottomane - Asphyxies de la langue albanaise et de la foi chrétienne

Pjetër Bogdani, Albanie
Mgr Pjetër Bogdani

L'histoire albanaise marquée par l'occupation s'est révélée spécifiquement douloureuse sur le plan de la langue albanaise, au point de faillir la faire disparaître, comme tout sentiment d'appartenance collective. L'interdiction totale d'écoles en langue albanaise durant presque 5 siècles d'occupation ottomane eut pour conséquence un taux d'illettrisme extrêmement élevé, évalué à à peu près 90 % au début du XXe siècle. Pour les Albanais qui pouvaient recevoir un enseignement, il leur était imposé d'aller à Istanbul pour apprendre le turc. Si quelques-uns pouvaient avoir accès à un enseignement en Albanie du sud (Epire du nord), cet enseignement n'était tandis qu'en langue grecque. Ce phénomène était dû à la forte influence de l'Église orthodoxe grecque au sud de l'Albanie depuis le schisme avec l'Église catholique romaine ainsi qu'à la permission accordée à l'Église orthodoxe grecque par l'Empire ottoman de maintenir les écoles et la liturgie en langue grecque (comme ce fut le cas pour les Serbes en slavon). En plus de l'interdiction d'écoles en langue albanaise par l'Empire ottoman, la situation fut aggravée par des aspects religieux directement à l'origine de l'absence de développement de l'albanais. Avec le schisme entre Rome et Constantinople, l'Albanie fut depuis les XIIIe et XIVe siècles (et définitivement à compter de la fin du XVe siècle avec l'occupation ottomane) écartelée entre l'influence de l'Église catholique romaine (au nord jusqu'à Durrës), et de l'Église orthodoxe grecque (au sud). Ce schisme s'est révélé complètement néfaste à la fois pour la survie et l'unification de la langue albanaise, et pour la sauvegarde de la foi. A quelques exceptions près, la liturgie chrétienne était quasi exclusivement en langue étrangère (en grec pour le rite orthodoxe dans le sud, et en slavon pour les zones en contact avec les Serbo-monténégrins au nord), étant, comme telle, incompréhensible.

En effet, l'Église orthodoxe en Epire du nord étant celle grecque, elle imposait aux populations albanaises le recours au grec. A ce titre, les Albanais du sud qui ne souhaitaient pas aller à Istanbul n'avaient pas d'autre choix que de suivre un enseignement en langue grecque, dans des écoles grecques. En ce qui concerne l'Église catholique romaine présente dans l'autre moitié de l'Albanie, la liturgie était surtout en latin depuis toujours, à quelques exceptions près.

Cependant, le clergé catholique albanais perçut rapidement l'impact extrêmement préjudiciable de l'absence d'écriture et d'enseignement de la langue albanaise, tant vis-à-vis de la foi chrétienne que de la lutte contre l'occupant turc, qui passait par la conscience d'appartenance ethnique des Albanais. Quelques cléricaux albanais réagirent dès les XVIe et XVIIe siècles et se consacrèrent à l'écriture, l'édition et la diffusion d'un maximum de livres (litugiques à l'époque) en langue albanaise :

L'Empire Ottoman dicta une loi d'interdiction officielle définitive de la langue albanaise le 31 mai 1779, prise par Abdülhamid Ier, loi qui précisait clairement la protection par l'Empire Ottoman de la langue grecque, et l'interdiction de la langue albanaise[16]. Theodor Kavalioti, de Voskopojë (1718-1797) publia un dictionnaire de langue albanaise-grecque-slave, et fut assassiné durant son voyage de retour en Albanie par les envoyés des Phanariotes, voyage duquel il emportait des lettres de l'alphabet albanais en plomb pour imprimer des ouvrages en albanais. Naum Veqilharxhi qui tenait l'imprimerie dans laquelle s'imprimeraient les livres en langue albanaise, fut empoisonné à l'ordre du Patriarche d'Istanbul, en 1846. La lutte sans merci de l'Empire Ottoman contre la langue albanaise, la langue étrangère dans la liturgie chrétienne et la présence d'un clergé surtout étranger, expliquent probablement les rapports distants qui gagnent la majorité des Albanais vis-à-vis de la religion chrétienne dans un contexte d'occupation turque. Selon les régions, les caractères d'alphabets latins, grecs, slaves, turcs, étaient employés (voire arabes pour les livres saints musulmans) ce qui s'opposa au développement littéraire de l'albanais, faute d'alphabet unique. Kostandin Kristoforidhi fera une tentative d'unification au XIXe siècle des différentes versions d'alphabets sur la base d'un alphabet latin avec des signes diacritiques comme pour le tchèque ou le croate. L'alphabet déterminé par le Congrès de l'albanais à Bitola (Kongresi i Monastirit) par le Père Gjergj Fishta résultera de celui créé par les religieux guègues vers 1600, et que la Société Bashkimi (1899) établit à Shkodër par Mgr Preng Doçi, abbé de la région de Mirdita. Certains albanologues étrangers proposèrent des alphabets de langue albanaise : il est à citer la proposition d'alphabet du Prince Louis Lucien Bonaparte[17], celle d'Auguste Dozon[18], ou encore celle d'Eugenio Barbarich [19].

L'absence d'une langue albanaise écrite, enseignée et diffusée auprès de la population, pendant presque 5 siècles, affaiblit énormément la circulation des idées et le réveil d'un sentiment national dans la lutte contre l'Empire ottoman. Les difficultés de transport dans un pays de relief particulièrement accidenté n'y contribuèrent probablement pas. La liturgie en langue étrangère dans un tel contexte (en grec, latin, et slavon) eut aussi pour effet de distendre les rites et la foi chrétienne. Cependant, l'albanais étant une langue de tradition fortement orale[20], il réussit à survivre à cette asphyxie de cinq siècles.

Echec des Campagnes autrichiennes du XVIIe siècle

Au cours du XVIIe siècle, les Impériaux eurent à faire avec les Turcs, et durant la campagne de 1689 leur général Piccolomini franchit la Save et pénétra par Kosovo, où la route lui fut facilitée par Mgr Pjetër Bogdani jusqu'à Prizren. Les Autrichiens avancèrent de Prizren (Kosovo) à la vallée de Vardar, battant le Turc Mahmoud Begovitch, s'alliant avec les chrétiens albanais. Néanmoins, les Ottomans réussirent à faire entrer en conflit une partie des Albanais musulmans contre les Albanais chrétiens, et le Duc de Holstein qui remplaça Piccolomini après sa mort ne sut pas comprendre ses alliés albanais, et les froissa de telle sorte qu'ils le forcèrent à rentrer en Hongrie entraînant dans la retraite le Patriarche Arsène II Cernogevitch et les habitants de la Vieille Serbie. Cet événement laissa place à une islamisation qui s'étendit vers 1700 dans le Sandjak de Novi-Bazar où les Turcs établirent de force des Slaves musulmans albanisés.

Echec de la Campagne austro-russe de 1737

Quand les Austro-russes envahirent l'Albanie du Nord en 1737, les tribus catholiques (Shkodër, Hoti, Kelmendi, etc. ) et orthodoxes (Kuçi, Piperi, Gruda, etc. ) crurent leur heure de libération arrivée. Malheureusement le chef des Alliés, le colonnel autrichien Lentulus, manqua de décision et rétrograda du sandjak de Novi-Bazar, abandonnant ses auxiliaires à la vengeance des Turcs qui, néanmoins, ne purent en venir à bout qu'après deux sanglantes répressions en 1740. Cette expédition manquée eut aussi une grande influence sur les progrès de l'islam.

Révoltes anti-ottomanes

Château d'Ulcinj, actuel Monténégro
Château des Balsha I, II et III de Shkodër, Ulcinj (actuel Monténégro)
Janina, actuelle Grèce
Ioannina (actuelle Grèce)

L'histoire de l'Albanie sous l'occupation ottomane, du XVIe siècle jusqu'à 1912, fut marquée par une succession de révoltes albanaises anti-ottomanes durement réprimées. Les plus sévères furent celles des Bushati à Shkodra (1796) et celle d'Ali Pacha (1822) en Epire. La conclusion de la guerre russo-ottomane de 1877-1878 annonça le réveil du sentiment national albanais, soutenu par l'Autriche-Hongrie du fait des liens étroits que l'Autriche-Hongrie sauvegardait avec le clergé catholique albanais. Néanmoins, le Traité de Londres (1913) , sous la pression de la Russie qui souhaitait renforcer sa présence dans les Balkans via la Serbie et la Bulgarie, céda aux autres états balkaniques des parties importantes du pays : le Sud (Ioannina) aux Grecs, le Nord (Kosovo) aux Serbes et l'Est (Bitola ou Monastir) aux Bulgares.

Pour faire face à ce démembrement, les représentants des diverses communautés albanaises se réunirent à la ville de Prizren dans la région de Kosovo et décidèrent de créer la Ligue de Prizren dans l'objectif de se défendre et d'obtenir l'autonomie de l'Etat albanais. En 1878, suite aux accords du Congrès de Berlin, la Turquie donne la ville albanaise de Ulcinj au royaume du Monténégro, ce qui provoque la colère de la Ligue de Prizren qui jusque là demandait au minimum une autonomie albanaise au sein de la Turquie. Mais avec la perte de la ville d'Ulcinj, les Albanais de la Ligue vont prendre les armes contre les Turcs ; ils tiendront jusqu'en 1881 où ils seront écrasés dans le sang. Cette ligue fut une étape importante vers l'indépendance de l'Albanie.

La longue occupation ottomane ne réussit pas à changer globalement la structure ethnique de la population, mais les luttes successives et les immigrations incessantes eurent pour conséquence un ralentissement du rythme d'augmentation démographique de la population albanaise.

Indépendance de l'Empire ottoman et démantèlement des territoires albanais

Fishta
L'Etoile de la Lumière, Imprimerie Père Gjergj Fishta
Roi Zog
Zog I

Indépendante depuis 1912 de l'Empire ottoman, l'Albanie attendra 1918 pour être fixée dans ses frontières actuelles. Suite à la proclamation de son indépendance, la Ligue balkanique, menée par la Russie victorieuse sur l'Empire ottoman, soutint que les terres albanaises étaient des terres "turques" qu'il fallait partager entre les pays victorieux de la Turquie (essentiellement entre la Serbie et la Grèce). C'est ainsi que l'Albanie ne réussit pas, face à la pression de la Russie, de la Serbie, de la Grèce envers les Grandes Puissances de 1913, et ceci malgré le soutien de l'Italie et de l'Autriche-Hongrie, à garder l'intégralité de ses territoires et populations dans un seul Etat après la proclamation de l'indépendance. Les découpages faits en 1913 avec date d'effet au 1er janvier 1918 eurent pour conséquence un démantèlement des terres et populations albanaises entre les différents pays voisins, de sorte que plus de 4 millions d'Albanais se trouvent actuellement au Kosovo (région rattachée à la Serbie de 1918 à 1999), à l'ouest de la République de Macédoine (Skopje), dans le nord de la Grèce (Ioannina) et au sud du Monténégro. Ce découpage des frontières de l'Albanie par la Conférence des Ambassadeurs de Londres de 1912-1913 (cf. Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919) ) accorda en conséquence aux pays voisins de l'Albanie plus de 60 % de ses territoires et de sa population.

Après l'indépendance du pays, et la redéfinition de ses frontières, l'Albanie rencontra une courte période démocratique (marquée surtout par Fan Noli) (1924), avant d'être soumise au régime autocratique d'Ahmed Zogu, qui s'auto-proclama roi des Albanais. Cependant, le roi Zogu fit des efforts pour moderniser l'Albanie, sous la forte impulsion de l'Italie. Ainsi, sous son régime fut promulgué un Code civil, selon le code suisse, une Banque Nationale fut créée, la réforme agraire donna de la terre aux paysans et la presse rencontra un essor pendant les années 1920–1930.

En 1939, le pays est occupé par l'Italie ; la couronne du Royaume d'Albanie passe alors au roi d'Italie Victor-Emmanuel III, le pays devenant un protectorat italien. La résistance albanaise de quelques groupes s'organise autour du Parti communiste d'Albanie à partir de 1941, sous la direction d'Enver Hoxha et en liaison avec le mouvement communiste de Tito. Le 16 septembre 1942, la première Conférence de libération nationale, à Peć (Pejë), regroupe les communistes, les monarchistes, les nationalistes républicains du Balli Kombëtar (Le Front National) et le mouvement des frères Kryeziu. Cette conférence donne naissance au Mouvement de Libération National - LNÇ (MLN ou en albanais LNÇ, Levizje Nacional Çlirimtare) dirigé par huit membres dont Enver Hoxha et Abaz Kupi. Ce dernier, exclu du MLN en novembre 1943 lorsque le mouvement passe sous le contrôle exclusif des communistes, fonde le parti de la Légalité (Legaliteti), fidèle au roi.

Dès avril 1943 le parachute des équipes pour encadrer les maquis de résistance, au départ sans considération politique. À partir de la fin 1943, les Britanniques vont principalement soutenir la résistance nationaliste et royaliste dans les Balkans, y compris en Albanie[21]. Ils étendront après la Deuxième Guerre mondiale leur protectorat sur la Grèce selon les accords conclus entre Churchill et Staline.

La dictature communiste

L'Albanie connaît, après sa libération totale en novembre 1944, un gouvernement communiste stalinien. En effet, le dictateur communiste Enver Hoxha devient président d'une République Populaire proclamée le 11 janvier 1946 et s'installe, de fait, en dictateur du pays. L'Albanie est par conséquent isolée du reste du monde jusqu'à la chute du régime communiste en 1990 et elle subit l'un des plus régimes les plus sévères, comptant plus de 8 mille condamnés à mort et des milliers de personnes emprisonnées dans des camps (rapportées à une population selon guerre de 1 million d'habitants). La France sera l'un des seuls pays occidentaux, avec l'Italie, l'Autriche et la Suisse, à entretenir des relations diplomatiques avec l'Albanie au cours de la période communiste. La Grande-Bretagne et les États-Unis tenteront en 1949–1951, en pleine Guerre froide, de renverser le régime communiste en infiltrant des commandos de réfugiés politiques albanais. Ce projet Valuable échouera du fait de la trahison de l'agent double Kim Philby. La transition du communisme au capitalisme s'est avérée extrêmement complexe pour la population. Des migrations importantes de la population, essentiellement vers l'Italie, la Grèce, et les Etats-Unis ont eu un effet déstabilisant pour l'économie albanaise. L'Albanie a aussi reçu d'importants mouvements d'immigration suite au conflit du Kosovo voisin, en 1998-1999.

Géographie

Article détaillé : Géographie de l'Albanie.
Carte topographique de l'Albanie
Lac de Shkodër, Albanie
Lac de Shkodër
Thethi, Shkodër, Alpes d'Albanie
Theth, Shkodër

L'Albanie couvre sur une superficie totale de 28 748 kilomètres carrés, avec à peu près 70 % de surface montagneuse, accidentée et difficilement accessible, dont le point culminant est le mont Korab s'élevant à 2753 m.
Le reste est constitué de plaines alluviales, dont le terrain est plutôt de piètre qualité pour l'agriculture, alternativement inondé ou desséché. Les terres les plus fertiles sont localisées dans le district des lacs (lac d'Ohrid, Grand Prespa et Petit Prespa) et sur certains plateaux intermédiaires entre la plaine et la montagne.
La seule île notable est celle de Sazan qui fut tour à tour occupée par diverses grandes puissances européennes.

Son littoral couvre sur 362 kilomètres le long de l'Adriatique et de la mer Ionienne.
L'Albanie possède 720 km de frontières terrestres avec le Monténégro (172 km), le Kosovo (115 km), la Macédoine (151 km) et la Grèce (282 km).

Les principales villes sont Tirana (la capitale) avec à peu près 800 000 habitants, Durrës, Korça, Elbasan, Shkodër, Gjirokastra, Vlora et Kukës.

Le plus grand fleuve albanais est la Drini. Long de 282 km, il est un des seuls à connaître un débit assez stable tout au long de l'année. Les autres cours d'eau sont le plus souvent presque secs durant l'été, même les rivières Semani et Vjosa qui ont néenmoins une longueur de plus de 160 km.

Le climat y est méditerranéen dans les régions littorales (moyenne hivernale : 7 °C) et devient plus continental dans le relief. Les précipitations sont assez élevées (1 000 à 1 500 mm annuels), le flux d'air humide rencontrant la masse d'air continentale plus froide, en particulier pendant l'hiver, qui est la saison pluvieuse.

L'Albanie possède trois lacs dont l'un des plus vieux du monde (lac d'Ohrid).

Le Lac de Shkodër localisé dans le nord-ouest du pays a une surface qui peut fluctuer entre 370 km² et 530 km², partagé entre l'Albanie et la ville d'Ulcinj au Monténégro. La rive albanaise du lac est longue de 57 km.

Le lac d'Ohrid est le lac le plus profond des Balkans (288 m) mais également un des plus vieux du monde. Il est localisé dans le sud du pays et est partagé entre l'Albanie et la République de Macédoine. Il possède une variété de flore et de faune unique au monde, des «fossiles vivants» et de nombreuses espèces endémiques. À cause de sa valeur naturelle et historique, le lac d'Ohrid est sous la protection de l'UNESCO.

Plus d'un tiers du territoire de l'Albanie, à peu près 10 000 kilomètres carrés, est couvert de forêts et le pays possède une flore particulièrement riche. À peu près 3 000 espèces différentes de plantes poussent en Albanie, dont énormément sont utilisées à des fins médicinales. Les forêts abritent une grande variété de mammifères, y compris les loups, ours, sangliers et chamois. Les lynx, les chats sauvages et les putois sont rares, mais continuent de survivre dans certaines régions du pays.

Les ressources naturelles principales sont le pétrole, le gaz naturel, le charbon, le chrome, le cuivre, le bois, le nickel, le potentiel hydroélectrique.

Climat

Cotes Saranda, Albanie
Saranda
Ksamil, Albanie
Ksamil

L'Albanie compte la plupart de régions climatiques malgré sa relative faible étendue. Les côtes albanaises jouissent d'un climat méditerranéen agréable tandis que l'intérieur du pays avec ses hauts plateaux et montagnes possèdent un climat plus continental et par conséquent plus rude. Du nord au sud du pays, la variation du climat est assez sensible. Les saisons les plus agréables sont le printemps et l'automne.

Les basses terres ont des hivers doux, avec une moyenne d'environ 7 °C. L'été, la moyenne tourne autour des 24 °C. Mais les températures, quoique plus affectées par les différences d'altitude que par la latitude, sont tout de même d'environ 5 °C plus élevées dans le sud du pays que dans le nord.

L'hiver s'avère fréquemment rude dans les zones montagneuses avec des températures assez froides, causées par la masse d'air continentale qui domine la météo de l'Europe de l'Est et des Balkans avec les Vents de nord et de nord-est . Les chutes de neige y sont assez habituelles.
Les hivers sont plus doux et pluvieux sur les plaines côtières.

L'été, les températures moyennes sont plus faibles dans les régions montagneuses du nord et de l'est que dans les zones côtières et bien plus faible en altitude, mais avec cependant des variations journalières plus importantes.

Le centre et l'ouest de l'Albanie connaissent des températures plus élevées (40 °C), causées par des vents chauds venant de la mer. Les températures maximales dans les bassins intérieurs et les vallées fluviales sont particulièrement élevées, mais les nuits y sont presque toujours fraiches.

La moyenne des précipitations est élévée, conséquence de la convergence des flux d'airs dominants de la mer Méditerranée avec la masse d'air continentale. En se réunissant généralement aux plus hautes altitudes, la pluie tombe surtout dans les hautes terres centrales. Les courants chauds verticaux venus de la Méditerranée provoquent des orages habituels en été, la majorité accompagnés de grands vents locaux et d'averses torrentielles.

La moyenne des précipitations pour les zones côtières fluctue de 1 000 mm au sud à plus de 1 500 mm par an au nord du pays. Les pluies sont concentrées en hiver avec près de 90 % des précipitations annuelles.

La pluviométrie est plus élevée dans les chaînes montagneuses. Les estimations fluctuent beaucoup, mais les moyennes annuelles sont certainement d'environ 1 800 mm et sont plus élevées (2 550 mm) dans certaines régions du nord. La vallée de Boga dans l'ouest de l'Albanie est une des zones les plus humides en Europe, recevant quelque 3 100 mm de pluie par an.
Les pluies sont plus équitablement réparties le long de l'année que sur les zones côtières.

Économie

Article détaillé : Économie de l'Albanie.

L'Albanie est actuellement en retard à cause de l'héritage communiste. L'isolement a eu des conséquences importantes sur l'économie. Avec les ressources naturelles importantes et la variété de climats au sein de son territoire, l'Albanie aurait pu être un pays prospère. Néanmoins, une série de facteurs politiques et historiques, ont fait que celle-ci demeure un pays en développement. Son histoire a été profondément marquée par les quarante-cinq années d'autoritarisme et par l'autarcie imposée par Enver Hoxha qui s'est maintenue jusqu'en 1991 et qui donnait l'importance principale au secteur primaire, sans faciliter l'agriculture. Sans compter les nombreuses guerres qui ont sévi durant des siècles, mais aussi l'occupation ottomane, pendant presque cinq cents ans, qui a fait reculer l'Albanie comparé aux autres pays occidentaux et qui l'a morcelée, cela à cause de la féodalité de l'Empire ottoman.

L'agriculture représente un quart du PIB et l'économie parallèle a un poids important. Les structures économiques restent fragiles et dépendantes de l'aide extérieure et des transferts de revenus de l'émigration (environ 14 % du PIB). En 2004, le déficit budgétaire représentait 5% du PIB et la dette publique s'élève à 56 % du PIB. Néanmoins, la productivité se perfectionne sensiblement depuis à peu près une décennie et connaît depuis 2003 une croissance régulière (6 %) dans un contexte d'inflation modérée. Le pays dispose en outre d'une situation géographique favorable à son développement et d'une ouverture sur la mer, d'un large éventail de ressources naturelles et d'un potentiel touristique. Elle espère profiter de son rapprochement avec l'UE pour attirer les investissements étrangers et développer ses échanges commerciaux.

Énergie

Mallakastra, Albanie
Mallakastra

La production énergétique de l'Albanie est la production la plus propre d'Europe. En effet, 98% de cette production vient des centrales hydroélectriques localisées sur le fleuve Drin au nord du pays.

Malgré une consommation moyenne par habitant particulièrement basse (l'une des plus faibles en Europe), l'Albanie a des problèmes d'approvisionnement car les 3 centrales localisées sur le Drin ne sont plus aptes à couvrir les besoins en électricité de l'Albanie, qui n'a pour le moment d'autre alternative que l'importation ou la restriction.

Le gouvernement albanais prévoit cependant la construction de deux nouvelles centrales hydroélectriques d'une puissance de 200 MW chacune à Bushat ainsi qu'à Kalivaç qui devraient suffire à couvrir les besoins et qui devraient même permettre de revendre de l'énergie en surplus par câbles sous-marins à l'Italie ainsi qu'à la Grèce.

La consommation d'hydrocarbures est aussi plus élevée que la production ce qui oblige l'importation d'Italie ou de Grèce. Les deux grandes entreprises nationales qui produisent les énergies fossiles (diesel, essence, gaz et autres dérivés) sont Albpetrol Sh. a qui extrait les minerais, et ARMO Sh. a qui les raffine et qui les vend. La production était bien plus élevée pendant l'époque communiste car les entreprises pétrolières occidentales étaient venues s'implanter en Albanie dans les années 1980 lors de la découverte du dernier grand gisement de pétrole dans le pays.

Statistiques

L'Albanie est aujourd'hui un pays en développement, avec la moitié de sa population active œuvrant dans le secteur de l'agriculture, et un cinquième des actifs œuvrant à l'étranger. Officiellement, le chômage s'élève à 15 %, mais des sources indépendantes l'estiment à près de 30% au Nord et au Nord-Est du pays. La croissance globale est de 7, 3% mais fluctue selon les secteurs. Elle atteint presque 20 % pour la construction mais uniquement 10 % pour les services publics et privés.

Relations économiques internationales

La fuite des élites albanaises est un processus social et économique qui pénalise la recherche. Cependant, pour enrayer cet exode et encourager les émigrés à revenir, l'Albanie doit définir une politique scientifique et scolaire claire, étroitement liée à une politique industrielle à long terme avec l'aide des programmes européens développés à cet effet (ACE, PHARE, TEMPUS ou EAST).

Les exportations sont faibles, en particulier des produits agricoles) et les travailleurs émigrés sont les principaux pourvoyeurs de devises. Les importations sont essentiellement les équipements mécaniques, les produits manufacturés, les denrées alimentaires, les textiles et les produits chimiques. Le changement de régime en 1991 a créé les conditions d'un rapprochement progressif de l'Albanie et de l'Europe. L'adhésion de l'Albanie au Conseil de l'Europe en 1995 en offrit un premier signe tangible. En novembre 2000, le sommet de Zagreb a ouvert à l'Albanie la perspective d'une adhésion à l'Union européenne (UE), de sorte qu'ont été entamées le 31 janvier 2003 les négociations en vue d'un accord de stabilisation et d'association (ASA), qui a été signé le 12 juin 2006. L'UE a rappelé à plusieurs reprises à l'Albanie l'obligation de mettre en œuvre concrètement les réformes adoptées et de les poursuivre.

Démographie

Article détaillé : Démographie de l'Albanie.
Tirana, Albanie
Tirana
Saranda, Albanie
Saranda

Le pays est peuplé d'environ 3, 6 millions d'habitants en 2008[1] (selon l'INED ce chiffre ne serait que de 3, 2 millions[22]), sur un territoire montagneux à 70 %. Tirana en est la capitale, sa population atteint presque le million d'habitants.

Les autres villes importantes du pays sont Shkodër, Durrës, Elbasan, Vlora, Korça et Berat.

L'Albanie fait partie des pays les plus homogènes ethniquement parlant. 98% de la population se compose d'Albanais de souche, répartis en deux groupes : les Guègues (au nord) et les Tosques (au sud). Les Grecs, les Aroumains, les Tziganes, les Serbes et les Macédoniens forment des groupes minoritaires.

L'Albanie est le pays d'Europe qui connaît la plus forte émigration, avec plus d'un tiers de ses ressortissants vivant à l'étranger, soit à peu près 900 000 personnes en 2006, essentiellement dans les deux pays frontaliers : la Grèce et l'Italie. Ce phénomène est dû à un niveau de vie parmi les plus bas du continent européen. En conséquence, la population du pays a diminué de 100 000 habitants entre 1991 et 2001, malgré un solde naturel positif. Le phénomène d'émigration se poursuit même si les données officielles semblent le sous-estimer[23].


Culture

Croyances et Pratiques

Mère Teresa, Catholique albanaise
Mère Teresa et Sandro Pertini
Eglise orthodoxe, Albanie
Eglise orthodoxe, Labova de la Croix
Katedralja Shkoder, Albanie
La cathédrale Saint-Stéphane
Bektachi, Albanie
Centre de Bektachis

Les populations du territoire correspondant à l'Albanie ont été christianisées au Ie siècle par Saint Paul (Shën Pali) qui passa en Dalmatie ainsi qu'à Illyricum (Albanie actuelle du nord et centrale) et par André (apôtre) qui prêcha en Epire (Albanie actuelle du sud). Dans son écrit Épître aux Romains, Saint Paul dit "J'ai par conséquent propagé la parole du Christ par l'ensemble des chemins de Jérusalem à Illyricum". Saint Jérôme (ou Jérôme de Stridon), illyrien de Dalmatie, confirmera explicitement que Saint Paul a prêché la parole du Christ en Illyricum. Dans la période du schisme entre Église catholique romaine et Église de Constantinople, toute l'Albanie actuelle du Nord, y compris les zones de Durrës (ayant le rite catholique romain et byzantin) jusqu'au nord du Kosovo actuel, au sud de la Serbie, et jusqu'au Tivar et Kotor, étaient sous la dépendance de Église catholique romaine. On pouvait y trouver aussi quelquefois quelques églises de rite byzantin.

Jusqu'au XIII-XIVe siècle et durant tout le XVIe siècle, l'Eglise albanaise était rattachée à l'Église catholique romaine, même si la partie sud de l'Albanie actuelle avait gardé le rite byzantin (surtout celui orthodoxe ou de rite greco-catholique). La séparation de l'Eglise catholique d'Albanie de l'Eglise orthodoxe interviendra définitivement à l'occupation ottomane (fin XVe, début XVIe siècle) pour la zone de l'Albanie actuelle, tandis que cette séparation était déjà amorcée quelques temps jusque là dans la région de l'actuel Kosovo avec les arrivées massives des slaves en Illyrie.

A l'occupation Ottomane, une partie de la population albanaise finit par se convertir partiellement à l'islam, surtout vers le milieu du XVIIIe, mais de manière plus accentuée durant le XIXe siècle, lorsqu'il était presque acquis dans l'esprit de la population que l'Albanie serait condamnée à être réduite à une province ottomane. Le phénomène consistait, pour la grande majorité des cas, à seulement changer de nom ou de prénom, ou quelquefois les deux à la fois, pour que l'occupant ne prenne pas de représailles contre leurs familles, et ne les soumette pas à des impôts insupportables auxquels étaient soumis les catholiques. On rencontre le phénomène des crypto-chrétiens (semblable en Grèce) qui consistait à s'approprier un nom musulman, tout en continuant de pratiquer en privé la réligion catholique ou orthodoxe[24]. Il n'était pas rare, que dans une même famille, une branche se fit appeler par un nom musulman, tandis que l'autre continuait à porter son nom chrétien.

On remarque ainsi toujours aujourd'hui en Albanie des patronymes musulmans comme Ibrahimi, Ahmeti, etc., portés par des personnes de religion catholique ou orthodoxe. La communauté musulmane albanaise prendra naissance en 1923 avec l'aide du roi Zog[25]. Lors du Congrès organisé à cet effet (de 36 délégués, dont 7 députés), il fût demandé le remplacement de la langue arabe dans la liturgie par la langue albanaise, l'interdiction du voile et de la polygamie, la séparation du califat, etc[26]. Le Conseil supérieur de la Charia devrait être d'ethnie albanaise. La communauté bektachi fut créée une année avant en 1922 (courant qui est reconnu par les musulmans non albanais comme une vraie secte à cause de ses positions particulièrement libérales dans l'application du dogme).

En 1967, le gouvernement communiste ferma l'ensemble des lieux de culte, interdit la pratique de toute religion et déclara le pays officiellement athée. Ce n'est qu'en 1990 que la première messe catholique fut dite en Albanie (tandis que la chute du régime ne s'était pas encore effectivement produite) à la ville de Shkodër le 11 Novembre 1990, par Père Don Simon Jubani (à l'Eglise du Cimitière catholique de Shkodër). Ce jour marqua symboliquement le retour de la liberté de croyance en Albanie. Par la suite, les églises catholiques, orthodoxes, et les mosquées purent commencer à rouvrir leurs portes. Selon une étude récente en Albanie, dont la fiabilité reste à confirmer, 38% des Albanais se déclarent d'obédience musulmane, 35% d'obédience chrétienne (catholique et orthodoxe), les autres (27%) étant athées et agnostiques[27].

La Langue Albanaise

Contenu du Missel
Le Missel, Mgr Gjon Buzuku
Oldest Surviving Albanian Text
Vieil rédige albanais survivant

L'albanais est une langue d'origine indo-européenne, rattachée au groupe thraco-illyrien et dérivant de l'illyrien, comportant une forte composante de racines latines. Certains auteurs ont soutenu que l'albanais permettrait de déchiffrer la langue étrusque[28]. Le premier écrit en langue albanaise trouvé jusqu'à ce jour, est "La Formule de Bâpteme" de Pal Engjëlli (1416-1470), archêveque de Durrës ("Je te bâptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit") découvert à la bibliothèque de Florence par Nikola Jorga en 1915, chercheur roumain. Le premier livre trouvé en langue albanaise est un manuel de liturgie catholique, intitulé "Le Missel" (Meshari) de Mgr Gjon Buzuku [Jean Bouzoukou] écrit en 1555. Avant cette découverte, d'autres témoignages de l'existence de l'albanais existaient.

Dans d'autres vieux manuscrits non édités, en langue grecque, gardés à la Bibliothèque Apostolique ainsi qu'aux Archives Secrètes du Vatican, ont été découvertes d'autres sources, surtout dans le cadre des recherches de Dr. Moikom Zeqo, ces manuscrits étant aujourd'hui en cours de transcription, et de translitération.

L'enseignement de la langue albanaise fut interdit pendant les cinq (5) siècles d'occupation ottomane. Ouvrir une école en langue albanaise en Albanie était reconnu par l'Empire ottoman comme une "hérésie" qui pourrait "créer une question albanaise"[29]. Le plus grand albanologue étranger qui consacra sa vie à l'étude de la langue albanaise fut Norbert Jokl, un juif autrichien (1887-1942) qui sera porté disparu durant la Deuxième Guerre mondiale, malgré les efforts incessants de Père Gjergj Fishta et du clergé catholique albanais auprès des autorités italiennes, pour que Norbert Jokl soit transféré en Albanie et ne soit pas rendu au Troisième Reich. Ce fut en vain. Norbert Jokl ne donnera plus de nouvelles à compter de 1942, et ses travaux universitaires nombreux sur la langue albanaise disparaitront ensemble avec les manuscrits supplémentaires du vocabulaire Albanais apportés par Gustav Meyer.

La langue albanaise a un alphabet comportant 36 lettres (alphabet latin) correspondant à 36 sons de la langue albanaise, et comportant des lettres doubles comme dh (the en ang. ), rr, sh (ch en fr. ), ll (ang. ), xh (dj) ou zh (j). Cet alphabet fut adopté en 1879, lors du Congrès de Bitola (Kongresi i Monastirit) pour la langue albanaise, sous la direction de Père Gjergj Fishta [30]. La langue albanaise est parlée en Albanie, en République de Macédoine, au Monténégro, au Kosovo, mais aussi dans certaines poches isolées d'Italie (Arbëresh) et de Grèce (Arvanites). Il existe deux dialectes principaux :

La langue officialisée était basée sur le dialecte guègue jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Albanie, et jusqu'en 1968 pour les Albanais du Kosovo, de Macédoine et de Monténégro qui l'utilisèrent comme leur langue officielle albanaise. Notons qu'aucune école en langue albanaise ne fut ouverte en Grèce pour les populations albanaises après le rattachement de la région de Ioannina à la Grèce en 1918. Après l'avènement du communisme, le guègue fut arrêté institutionnellement de 1944 jusqu'en 1967, et de facto de 1972 jusqu'à actuellement, du fait qu'il véhiculait des idées anti-communistes. La langue officielle albanaise d'aujourd'hui est basée sur le dialecte Tosk (et labe), qui emprunte des mots guègues en leur donnant une syntaxe, phonologie et morphologie du parler tosque. Cette langue officielle est remise en cause aujourd'hui des écrivains, des journalistes et des courants littéraires, surtout au Kosovo et en Albanie du Nord, qui considèrent que le parler «standard» devrait intégrer la structure linguistique du guègue, langue des premiers écrits en langue albanaise, et ensuite langue des poètes et patriotes majoritaires albanais depuis le XVe siècle jusquà la fin de la première moitié du XXe siècle.

Littérature contemporaine

À l'image de son passé agité et des espérances permises par l'ouverture à l'occident des années 1990, l'Albanie possède une littérature contemporaine particulièrement riche et d'une grande variété de styles. On peut distinguer grossièrement les auteurs qui ont écrit l'essentiel de leur œuvre au cours de la période communiste de ceux dont l'œuvre se situe autour ou après la transition démocratique. Les premiers ont fréquemment écrit des œuvres lyriques (Lasgush Poradeci) ou métaphoriques (Ismail Kadare dans Le Palais des rêves) alors que les seconds vont fréquemment évoquer ouvertement la dictature et ses conséquences, sociales et psychologiques (Fatos Kongoli, Ornela Vorpsi, Ylljet Aliçka, Besnik Mustafaj).

Musique

Article détaillé : Musique albanaise.

Compositeurs

Arts plastiques

Cinéma

Articles détaillés : Cinéma albanais et Liste de films albanais.

Cuisine

Article détaillé : Cuisine albanaise.

Le territoire de l'Albanie a été occupé par la Grèce, l'Italie et l'Empire ottoman et chaque groupe a laissé sa marque sur la cuisine albanaise.

Le repas principal des albanais est le déjeuner, il est généralement accompagné d'une salade de légumes, comme des tomates, des concombres, des poivrons verts, et des olives avec de l'huile d'olive, du vinaigre et du sel. Le déjeuner inclut aussi un plat principal, des légumes et de la viande. Les spécialités de fruits de mer sont aussi communes dans les secteurs côtiers de Durrës, Vlorë et Sarandë.

Politique

Article détaillé : Politique de l'Albanie.

Depuis 1992, l'Albanie est une république parlementaire, démocratique et représentative. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement. Le pouvoir législatif est détenu par le Parlement l'Assemblée de la République d'Albanie (Kuvendi i Republikës së Shqipërisë), mais le Gouvernement aussi propose des projets de lois. Depuis 1991, et l'introduction du pluralisme, le dispositif politique est dominé par les conservateurs, le Parti démocratique d'Albanie et le Parti socialiste d'Albanie. D'autres formations politiques d'une importance moindre sont représentées au Parlement et au Gouvernement.

Pouvoir exécutif

Le chef de l'État est le président de la République, qui est élu par le Parlement avec un mandat de 5 ans, renouvelable une fois. Dans ce dispositif, le Président de la République appelle le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Le président est le garant de la démocratie puisque c'est à lui qu'incombe la responsabilité de décréter les lois adoptées par le Parlement.

Pouvoir législatif

Le Parlement (l'Assemblée populaire), Kuvendi, forme le pouvoir législatif, responsable des politiques intérieures et extérieures du pays et des modifications de la Constitution. Élue l'ensemble des 4 ans, il compte au total 140 députés, sortis des listes des différents partis politiques, selon un dispositif proportionnel régional.

Système judiciaire

Il existe trois types de juridictions en Albanie et elles sont : criminelle, civile et militaire. Le dispositif judiciaire dispose d'une Cour constitutionnelle, d'une cour de cassation, de cours d'appel et de cours de district en plus de cours militaires spécifiques à l'armée. La Cour constitutionnelle se compose de 9 membres désignés par l'Assemblée populaire pour une durée maximale de 9 ans. La Cour de cassation quant à elle , comporte 11 membres qui sont appelés par l'Assemblée pour une durée de 7 ans. Dans les tribunaux, la justice est rendue par trois juges. En Albanie, il existe une formation spécifique pour former des juges, cela est supposé rendre les juges plus impartiaux. Une autre particularité du dispositif albanais est le fait que dans les tribunaux il n'y a pas de jury populaire.

Découpage administratif

Article détaillé : Subdivisions de l'Albanie.

L'Albanie est découpée en 36 districts (Rrethe) qui disposent chacun d'un gouverneur local choisi par le conseil de district dont les membres sont élus au scrutin proportionnel. Les districts sont regroupés en préfectures (qark ) qui sont au nombre de 12 avec à leurs têtes des préfets appelés par le Conseil des ministres, la capitale Tirana disposant d'un statut spécial. Les maires des autres villes sont élus au suffrage direct et les conseils municipaux le sont à la proportionnelle.

Principaux partis politiques

Les chiffres correspondent aux élections du 3 juillet 2005.

La coalition menée par l'ancien président Sali Berisha réunissait le PDA, le PR et les divers droites. Elle dispose de 73 sièges sur 140, soit 3 députés de plus que la majorité absolue. À l'inverse, le LSI est une dissidence du Parti socialiste, ce qui contribue à diviser le centre-gauche au sein de la Assemblée d'Albanie.

Adhésion à l'Union européenne

L'Albanie mène, depuis 1992, date du premier Accord de commerce, des négociations avec les Communautés européennes pour une envisageable adhésion. En 2006, l'Albanie est devenue membre associée de l'Union européenne, après la signature d'un Accord de stabilisation et d'association (ASA). Au cours des dernières années des progrès plus ou moins grands ont été enregistrés dans les différents domaines de la gouvernance, telle que la réforme des institutions démocratiques, le renforcement des droits civiques, etc. D'autres progrès ont été accomplis en ce qui concerne la gestion de l'économie et la création d'opportunités pour inciter les investissements étrangers directs et diminuer ainsi le chômage (en 2008 13.4%). En mars 2009, le Premier ministre Sali Berisha annonce son intention de déposer la candidature de l'Albanie à l'UE, dans l'espoir de se prévaloir de cette initiative lors de sa campagne électorale pour les législatives prévues en juin. En avril 2009 l'ASA est entré en vigueur, et la République d'Albanie est devenue officiellement membre de l'OTAN. Elle dépose sa candidature officielle à l'Union le 28 avril 2009, auprès de la Présidence Tchèque.


Statistiques

Fêtes et jours fériés

Date Nom français Nom local Origine Remarques
1er et 2 janvier Saint Sylvestre Viti i Ri Nouvel An
1er mars Fête du printemps Dita e pranveres
7 mars Jour du professeur Dita e Mësuesit
8 mars Fête des mères Dita e Nënës
14 mars Fête du printemps Dita e pranveres'
date variable Pâques catholique Pashkët Katolike Catholiques
date variable Pâques orthodoxe Pashkët Ortodokse Orthodoxes
1er mai Fête du Travail 'Festa e punes
19 octobre Jour de Mère Teresa Dita e Nënë Terezës
date variable Ramadan Bajrami Madh Musulmans
28 novembre Jour de l'Indépendance Dita e Pavarësisë
29 novembre Jour de la Libération Dita e Çlirimit
25 décembre Noël Krishtlindjet Catholiques

Codes

L'Albanie a pour codes :

Notes et références

  1. (en) CIA-The World Factbook
  2. INED - Population et Sociétés n° 436 Tous les pays du monde (juillet 2007)
  3. Herodote, Livre I, 94, p. 91, et Livre II, 56.
  4. Thucydide, Livre IV, 109, Gallimard, Bibliothèque de le Pléiade, p. 1016
  5. N. Hammond, Tumulus-burials in Albania. The grave circles of Mycenæ and the Indo-Europeans, Annual of British School of Athens, n°62
  6. I. Ceka, Ilirët, Tirana, Ilar, 2002
  7. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Livre III
  8. J-C. Faveyrial, Histoire de l'Albanie, édition établie et présentée par Robert Elsie, pejë, Dukagjini, 2001
  9. S. Métais, Histoire des Illyriens. Des Illyriens à l'indépendance du Kosovo, Fayard, 2006
  10. Sh. Demiraj, Prejardhja e shqiptarêve nën dritën e dëshmive të gjuhës shqipe (L'origine des Albanais à la lumière des témoignages de la langue albanaise), Shkenca, 1999
  11. S. Métais, Histoire des Albanais. Des Illyriens à l'indépendance du Kosovo, Fayard, 2006
  12. F. Gibert, Les Pays d'Albanie et leur histoire, Paris, 1914
  13. Le tableau se trouve à Oxford, Ashmolean Museum. Cf. L. Corti, La scuola degli Albanesi à Venezia in "Portolano Adriatico. Rivisto di storia balcanica", anno I, n°1, 2004 ; Il Palazzo Ducale di Venezia, Canova, Venezia 1990
  14. L. Nadin, Migrazioni e integrazione. Il caso degli albanesi a Venezia (1479-1552), Bulzoni, Contesti Adriatici
  15. L. Nadin, Migrazioni e integrazione : Il caso degli Albanesi a Venezia (1479-1552)
  16. Revue "Thesaloniki", publiée le 14 août 1999
  17. Prince Louis-Lucien Bonaparte, Albanian in Terra d'Otranto, London 1885
  18. A. Dozon, Manuel de la langue Chkipe, Paris 1878
  19. F. Gibert, Les Pays d'Albanie et leur histoire (avec deux cartes), Paris, Rosier 1914
  20. A. Dozon, Contes albanais, Paris 1881
  21. E. Lefèvre, La division Brandebourg, Les commandos du Reich, Histoire & Collections, 1998
  22. INED - Population et Sociétés n° 436 Tous les pays du monde (juillet 2007)
  23. Laurent Chalard (2007). «Le dépeuplement de l'Albanie». Le Courrier des pays de l'Est . N°1061. Mai-juin 2007. Pages 60-68
  24. Ger Duijzings, Religion and the Politics of Identity in Kosovo, Londres, Hurst, 2000
  25. Ali Basha, Islami në Shqipëri gjatë shekujve, Tiranë 2000
  26. Kongresi i Muslimanëve në Shqipëri : çështja e kalifatit dhe reconstituat islamike në Oriente Moderno 2, 1922-1923
  27. J. A. Dérens, Christianisme et identité albanaise, Etudes et analyses, n°12, Mai 2007, http ://religion. info/pdf/2007_05_cathalb. pdf
  28. N. V. Falaschi, L'Etrusco lingua viva, Bardi Editore, 1989
  29. Robert Elsie, Histori e letêrsisë shqiptare (Histoire de la littérature albanaise), Pejë, Dukagjini, p. 188
  30. Sh. Demira, K. Prifti, Kongresi i Manastirit, Tirana, Académie des sciences, 2004
  31. Gjeografia 4 (Livre de géographie de terminaleet)

Annexes

Bibliographie

Filmographie

Liens externes


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